Éducation Thérapeutique
L’éducation pour la santé est une obligation déontologique pour le pharmacien. L’article R. 4235-2 du Code de la santé publique précise en effet que le pharmacien « doit contribuer à l’information et à l’éducation du public en matière sanitaire et sociale ».
L’article L. 5125-1-1 A du Code de la santé publique définit les missions des pharmaciens d’officine. Il mentionne notamment que les pharmaciens officinaux « contribuent aux soins de premier recours » (parmi lesquels l’éducation pour la santé, la prévention et le dépistage) et « peuvent participer à l’éducation thérapeutique et aux actions d’accompagnement de patients ».
Selon la HAS (2007), l’éducation thérapeutique du patient (ETP) concerne l’ensemble des professionnels de santé impliqués dans la prise en charge des patients ayant une maladie chronique, dont les pharmaciens. Pour être efficace, l’ETP doit être réalisée par une équipe multiprofessionnelle et interdisciplinaire, intégrant un travail en réseau (formel ou informel).
Les pharmaciens disposent de nombreux atouts pour intervenir dans l’éducation pour la santé et l’éducation thérapeutique du patient :
- Leur proximité géographique (23000 pharmacies sur l’ensemble du territoire) ;
- Leur accessibilité et leur disponibilité sur de longues plages horaires ;
- Leurs contacts fréquents avec le public : 4 millions de personnes franchissent chaque jour les portes des officines ;
- Leur connaissance globale du patient (contexte familial et socioprofessionnel, contact avec l’entourage, historique médicamenteux, …) ;
- Une relation de confiance instaurée avec le patient ;
- Leur crédibilité auprès du public en tant que professionnel de santé (Etude Ipsos Santé « Les français et leur pharmacien », janvier 2008 ; Enquête Vision Critical « Image et attachement des français à la profession de pharmacien », novembre 2009) ;
- Leur formation à la fois scientifique et professionnelle.
Dans le cadre de l’éducation pour la santé et de l’éducation thérapeutique du patient, les rôles du pharmacien sont multiples, en particulier :
Sensibiliser et informer le public, promouvoir la prévention et le dépistage
Le pharmacien a un rôle important à jouer dans l’information, la prévention et le dépistage des maladies. Il peut s’y impliquer notamment en :
– participant aux campagnes de sensibilisation et d’information sur des sujets de santé publique ; – transmettant des informations scientifiquement validées sur les moyens de prévention, sur les maladies, … en ayant le souci de délivrer un message adapté et accessible au public. La remise personnalisée de brochures d’information peut être très utile pour renforcer le(s) message(s) ; – relayant les campagnes de dépistage des maladies ; – repérant les personnes à risque et les orientant vers une consultation médicale.
Aider le patient à la compréhension de sa maladie et de ses traitements
Pour adhérer à la proposition de traitement, le patient doit comprendre les mécanismes de sa maladie, l’action de ses médicaments, les bénéfices escomptés et les effets indésirables potentiels. Le contenu des informations doit être adapté pour répondre aux besoins d’information du patient. Il convient d’évaluer au préalable ce que le patient sait au sujet de sa maladie et de son traitement en vue de renforcer ou rectifier les données comprises par le patient. L’utilisation de différents outils (dessin, schéma, brochure d’information ou explicative, notice, …) peut s’avérer utile pour faciliter la compréhension du patient. Il est important de s’assurer de cette dernière en demandant au patient de reformuler ce qu’il a retenu des informations transmises.
Promouvoir le bon usage du médicament
Lors de la dispensation, le pharmacien s’attachera notamment à : – Expliquer les modalités de prise des médicaments et vérifier la bonne compréhension du schéma de prise ; – Apprendre au patient les techniques particulières d’administration de certains médicaments (technique d’inhalation, d’injection, …) – voir paragraphe suivant ; – Pour les maladies chroniques longtemps asymptomatiques (HTA, diabète de type 2, hyperlipidémie, glaucome à angle ouvert, …) : insister sur la nécessité d’une prise régulière des traitements, même si le patient ne ressent pas de symptômes ; – Sensibiliser le patient aux risques de la prise de médicaments en dehors de tout conseil pharmaceutique ou médical ; – Apprendre au patient à « gérer » les effets indésirables : éduquer le patient à la reconnaissance des effets indésirables, informer sur les moyens de diminuer le risque de leur survenue, expliquer la conduite à tenir s’ils surviennent et s’assurer de la bonne compréhension du patient ; – Faciliter l’organisation pratique de la prise des médicaments : élaborer avec le patient un plan thérapeutique personnalisé clair et détaillé (opérationnel) en intégrant au mieux ses contraintes et ses habitudes de vie, aider le patient à adapter ses prises de médicament(s) dans des situations particulières (gestion du décalage horaire, d’un oubli de prise, …).
Apprendre et renforcer les techniques particulières de prise de certains médicaments
Il est essentiel d’apprendre aux patients à utiliser correctement les médicaments nécessitant une technique d’administration particulière (par exemples : instillation d’un collyre, inhalation d’un médicament antiasthmatique, …). Plus qu’un long discours, une démonstration suivie d’un essai par le patient sont souhaitables pour permettre un apprentissage efficace des bons gestes d’utilisation. L’apprentissage technique n’étant pas acquis une fois pour toutes, le pharmacien proposera régulièrement aux patients de vérifier les modes de prise des médicaments. Il s’agit de maintenir et renforcer les compétences techniques des patients.
Aider le patient à l’apprentissage de l’autosurveillance
Le pharmacien peut jouer un rôle important dans l’apprentissage de l’autosurveillance de la maladie et de ses traitements, notamment : – Eduquer le patient à l’automesure : La délivrance d’un dispositif d’autosurveillance (lecteur de glycémie, autotensiomètre, débitmètre de pointe, …) devra systématiquement s’accompagner d’une information pédagogique complète sur le mode d’utilisation pratique de l’appareil, la fréquence et les conditions de la mesure. Demander au patient d’effectuer lui-même une automesure, sous la guidance du pharmacien, permettra un apprentissage efficace de la technique d’automesure. – Eduquer le patient à la reconnaissance des signes d’alerte : Pour leur sécurité, les patients doivent pouvoir reconnaître les signes d’alerte (signes évocateurs d’un mauvais contrôle de la maladie, de la survenue d’un effet indésirable « majeur » d’un médicament, …) justifiant une consultation rapide.
Soutenir et accompagner les patients
Du fait de son accessibilité, de la fréquence des contacts et de la bonne connaissance des patients (et de leur environnement), le pharmacien occupe une place privilégiée pour les accompagner dès l’annonce du diagnostic, au moment de la mise en route du traitement et tout au long de leur prise en charge. Il représente un soutien pour le patient (et ses proches), en particulier en cas de difficultés liées aux traitements, de survenue d’une complication ou d’un événement majeur intervenant dans la vie du patient, de chute de motivation ou de confiance en soi et/ou envers les propositions de soins envisagées.